
Francis Dudon, retient ses larmes mais on sent bien qu’elles ne sont pas loin. Le ponton qu’il a construit de ses mains, il y a près de 8 ans, tombe en ruines. Inauguré en grande pompe sur le port de la Teste en 2014 après 4 ans de travaux, « Lou Pountoun », de son petit nom gascon, n’a connu qu’une brève heure de gloire avant de tomber en désuétude.
« De 2014 à 2016, il était à flots et on pouvait le visiter. De nombreuses écoles de la commune sont venues voir comment vivaient les ostréiculteurs à bord dans le temps », se remémore son propriétaire. Francis Dudon est lui-même un ancien ostréiculteur. Son nom est bien connu sur le port de la Teste puisqu’il y est né il y a 84 ans. C’est lui qui a créé la cabane à Pinpin.
« Lou Pountoun » de son nom gascon
Francis avait décidé de construire ce ponton pour laisser une trace de sa famille sur le port mais surtout pour faire connaître aux nouvelles générations une tradition patrimoniale. « Des pontons, il n’y en avait plus nulle part et je voulais montrer à tout le monde ce que c’était et à quoi ça servait.
Dans les années 1800, une bonne trentaine de bateaux de ce genre permettaient aux ostréiculteurs de séjourner tout près de leurs parcs après avoir effectué la traversée à la voile ou à la rame depuis leur port d’attache » Et Francis d’ajouter : « Ils y dormaient dans des lits à étages pour travailler plusieurs jours d’affilée, sachant que le voyage était toujours compliqué. On y vivait nombreux, avec toute la famille et même plusieurs familles ».

Après avoir été accueilli avec enthousiasme par toutes les personnes aux responsabilités à la ville et au département, « Lou Pountoun » n’a plus intéressé personne assure Francis Dudon. « On m’a demandé d’enlever le bateau de l’eau parce qu’il gênait la réalisation de la passerelle patrimoine et après il n’a plus jamais retrouvé de place à l’eau à cause de soucis d’immatriculation » se désespère Francis Dudon dont le bateau a atterri depuis sur le parking du port, sous les platanes.
La seule issue possible : la destruction ?
Comme un oiseau sans ailes, triste sort pour un bateau d’être privé d’eau. Depuis, même s’il suscite encore la curiosité de bien des passants, « Lou Pountoun » croupit. « Un bateau en bois n’est pas fait pour rester à l’air. Il a souffert énormément. Désormais, il devient compliqué pour moi de le réparer tout seul. J’ai fait tout ce que je pouvais mais il est aujourd’hui en mauvais état et moi je n’ai plus la force de m’y remettre ».
La seule issue possible, selon Francis Dudon, est qu’il soit détruit. « Cela me fait très mal car j’y ai consacré quatre années de ma vie pour qu’un peu de notre histoire perdure et je ne veux pas être là le jour où on le détruira », confie le vieil homme qui en veut beaucoup à tous ceux qui n’ont pas tenu leurs engagements.
Sa destruction est prévue le 30 avril par le Syndicat Mixte des ports du Bassin d’Arcachon
